14 Apr

L'arche de "Noé", un film qui fait débat

Publié par Sylvain MUTOKE Tshibuabua - Catégories : #culture

« Noé »(orignal : Noah) est le titre d’un nouveau film réalisé par Darren Aronofsky, cinéaste américain d’origine juive. Sorti des studio le 28 mars 2014, ce long métrage a été diffusé sur les écrans français le 9 avril 2014, grâce au distributeur Paramount Pictures France, qui ne cesse d’en faire la publicité. Genre dramatique(2014) de la catégorie « plein yeux », ce document audiovisuel mérite d’être approché avec un œil critique et un bagage intellectuel et suffisant..

Né le 12 février 1969 à Brooklyn( New York), Aronofsky est un réalisateur américain connu, notamment par les œuvres ci-après : Pie(1998), Requiem for a Dream(2000), The Wrestler (2008), Black Swan(2010). Il travaille aussi en tant que scénariste et producteur. Ayant grandi dans une famille juive, il s’est détourné assez vite de la religion pour s’intéresser à l’art. Fasciné par le personnage et le mythe biblique de Noé depuis l’âge de treize ans, Darren Aronofsky l’a ainsi adapté en bande dessiné en 2011 et en propose actuellement une version au cinéma.

Que « Noé » soit un film biblique ou de culte, tout dépend de l’angle d’approche et de la compétence de chacun. Quoi qu’il en soit, il s’agit de l’arche de Noé revisité par Darren Aronofsky. « Sur une Terre minée par la violence généralisée (meurtre, débauche et vols), Noé est chargé par inspiration prophétique d'accomplir une mission cruciale : ériger une arche pour sauver sa famille et les animaux du cataclysme. Dégouté devant le spectacle de la déchéance humaine, qu'il croit inévitable pour les générations suivantes, Noé refuse d'être le nouvel Adam de l'humanité ».

Bien que l’équipe de production ait assuré que l’arche de « Noé » n’est qu’une adaptation littérale du texte originel(biblique), de nombreux croyants, toutes confessions confondues( catholiques, protestants, juifs, musulmans..), se sont indignés avant et après la sortie du film. Dans certains pays, sa diffusion est strictement interdite. Pour des raisons religieuses, l’épopée hollywoodienne consacrée au mythe biblique de l’arche de Noé ne sortira pas dans les cinémas du Qatar, du Bahreïn et des Émirats arabes unis. D’autres pays musulmans auraient pris la même décision, notamment : l’Egypte, la Jordanie, Malaisie, Indonésie et le Koweit.

« Ce film, comme l’a déclaré Charles De Clercq, animateur de l’émission Cinécure sur RCF Bruxelles, le samedi, 12 avril 2014, est donc une occasion d’ouvrir la Bible ». Cela ne devra pas faire ignorer les règles de la technique cinématographique non plus. Ouvrir la Bible est une chose simple peut-être, mais il faudra la rouvrir, avec les maîtres ! Dans le livre de la Genèse, aux chapitres 6 à 9, une histoire sans dialogue, Noé est un patriarche multi centenaire connu pour l’épisode du déluge et de l’arche. Après lecture, on constate que, effectivement, le réalisateur, en bon artiste, a réadapté intelligemment et librement certains faits par rapport au récit (lire http://fr.Wiki/Noé_(film). Pour rendre compte des aventures de Noé, par exemple, Darren Aronofsky s’est écarté de la lecture littérale du texte biblique pour se plonger dans ses propres écritures juives, dans la Bible, mais aussi des apocryphes, notamment : l’Apocalypse de Noé, le livre des Jubilés, le livre d’Enoch. «Les récits apocryphes, à en croire Charles De Clercq, ne sont certes pas reconnus dans les canons officiels mais ils sont bien présents dans notre propre tradition chrétienne, notamment dans des développements de l’enfance du Seigneur et dans la dévotion populaire.

La représentation et la relecture des récits en images et en histoires sont le signe d’une dynamique constante dans le christianisme. Que dire des vitraux de nos cathédrales, les passions théâtrales, les chemins de croix, les crèches, les livres de catéchèse illustrés ? Le cinéma, en tant que l’art de la narration, ne pouvait que mettre en images des récits qui doivent être racontés et transmis de façon à répercuter le message.

C’est justement à ce niveau que l’on doit apprécier à juste titre le travail d’artiste du réalisateur juif.( à suivre)